Tarn-et-Garonne: les héros discrets de l’économie.
(Photo de famille en fin de soirée réunissant tous les lauréats et les partenaires des Septuors 2025. DDM – Manu Massip)
Ce jeudi soir à Montauban, dix entreprises ont été primées lors des Septuors. Résilience, innovation et ancrage territorial au cœur de cette troisième édition. Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l‘Ifop, était l’invité d’honneur.
Quand l’économie locale se raconte en majuscules. Ce jeudi 22 mai, dans la grande salle du Conseil départemental de Tarn-et-Garonne, les fauteuils étaient pleins, les applaudissements nourris et les sourires crispés d’émotion : c’était la troisième édition des Septuors de l’économie. Une cérémonie bien huilée qui, entre discours calibrés et standing ovations spontanées, a braqué les projecteurs sur dix entreprises locales – stars d’un soir, moteurs d’un territoire.
C’est La Dépêche du Midi qui orchestre, avec le soutien de la CCI 82 et du Département. Derrière les dorures de la salle, un slogan : « récompenser les pépites du Tarn-et-Garonne ». En filigrane, un constat : dans un monde d’incertitudes, l’économie locale tient, parfois à bout de bras, souvent à force de convictions.
Sur scène, les noms défilent, les profils s’entrechoquent. Dans la catégorie Innovation, Donerre rafle la mise avec ses brevets dans les suspensions de demain qui équipent déjà des voitures engagées en rallye-raid. Le prix « Industrie » récompense le renouveau de la société Jaulent Industrie après le décès soudain du fondateur de la société montalbanaise en 2021. La société Absoger, coup de cœur du Conseil départemental a fait l’unanimité dans la salle avec son travail sur le froid dans l’arboriculture mais aussi auprès des sportifs de haut niveau… Autant de visages, autant de récits d’obstination, de passion, d’ancrage local.
Pascal Roux, président de la CCI, monte au créneau. Ton grave, propos tranchants : « Toutes les entreprises sont bousculées par la situation économique nationale et internationale. En ce moment on a souvent des bas. Mais il faut garder espoir car dans ce contexte, les entreprises du Tarn-et-Garonne arrivent à mieux s’en sortir que d’autres en Occitanie, région qui est pourtant mieux lotie au niveau national. Ne baissons pas les bras et continuons de mettre en avant nos pépites, notre savoir-faire. » Un discours de combat, salué la salle. L’économie locale comme un front, où chaque entrepreneur devient un soldat.
Le Département, lui, brandit les chiffres : 378 millions d’euros injectés en 2024 dans les routes, les collèges, les équipements. Du béton, mais aussi des perspectives. L’objectif est clair : retenir les talents, attirer les projets, booster l’attractivité. « Je suis très heureux d’accueillir une telle soirée qui valorise le dynamisme, l’innovation et l’initiative locale de nos entreprises, de notre tissu économique », a tenu ajouté en ouverture de la soirée le président du Département Michel Weill.
Au final, c’est au préfet Vincent Roberti a qui est revenu le mot de la fin rappelant que « l’État reste aux côtés des entreprises quand elles vont bien mais surtout quand elles souffrent. En Tarn-et-Garonne, le plan de relance France 2030 a versé 30 millions d’euros d’aide à 14 entreprises tarn-et-garonnaises. » Une soirée qui, derrière les flashs et les trophées, dit quelque chose d’essentiel. Que dans les campagnes comme dans les villes, il existe encore des femmes et des hommes qui inventent l’économie d’après. Loin des grands groupes et des chiffres du CAC 40, mais au plus près du réel.
Il est monté sur scène comme on entre en immersion. Invité d’honneur des Septuors de l’économie organisés par La Dépêche du Midi à Montauban, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, a sorti la loupe. Objectif : passer au crible ce coin de France où l’on cultive encore la terre, mais où les hangars logistiques poussent comme des champignons.
Un département « moyen », dit-il. Pas une insulte. Plutôt un miroir de cette France « entre-deux » : un peu d’industrie, pas mal d’agriculture, beaucoup de tertiaire. Bref, un échantillon assez représentatif pour tirer quelques leçons. Et surtout, un terrain de jeu idéal pour observer l’avancée de la grande couronne toulousaine, qui grignote doucement le sud du département. Le résultat ? Une poussée démographique dopée par la déprise agricole. De la place, donc du béton.
Le Covid a laissé des traces. Et des habitudes. Ici, un actif sur quatre télétravaille au moins deux jours par semaine. Un sur trois, si on compte les « un jour par semaine ». À la clé : moins de train-train métro-boulot-dodo, mais plus de kilomètres. Et une dépendance quasi viscérale à la bagnole. 78 % des Tarn-et-Garonnais disent ne pas pouvoir s’en passer. Le double des urbains toulousains. Le peuple de la route, selon Fourquet. Celui qui fait ses courses, dépose les mômes au rugby, et peste contre le prix du diesel.
Et dans les entreprises ? Le CDI n’est plus le sésame absolu. 43 % des actifs rêvent de monter leur boîte. Les parcours se bricolent, les envies d’ailleurs prennent le dessus. Même la géographie devient mobile : un tiers des sondés se disent prêts à bouger pour un nouveau job.
Reste cette mer d’entrepôts entre Toulouse et Montauban. La logistique recrute. Tant mieux. Mais Fourquet prévient : « On ne bâtit pas un avenir économique uniquement sur du stockage. »
OccitanieTech