23 octobre 2024 Commentaires fermés

Actualités institutionnelles: Quelles compétences pour l’agriculture du futur ?

Former aux nouvelles technologies agricoles pour préparer l’agriculture de demain, c’est l’ambition du projet FAAN, lauréat du plan d’investissement France 2030. Johann Berthaut, directeur d’Innovapoles Ondes (Haute-Garonne), et Virginie Portes, directrice opérationnelle FAAN, nous invitent à découvrir la ferme du futur et les métiers émergents.

Visuel -Source : Service d’information du Gouvernement

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Comment le projet FAAN prépare-t-il les compétences agricoles du futur ?

Le projet FAAN, pour Formation agricole agrivoltaïsme numérique, a pour objectif de soutenir la troisième révolution agricole en développant des formations aux nouvelles technologies agricoles, avec des méthodes d’enseignement innovantes.
FAAN propose aussi de l’expérimentation, avec la volonté de diffuser les bonnes pratiques que nous testerons, et de la communication, pour séduire de nouveaux publics.
En un slogan, Faan prépare l’agriculture du futur !
Pour définir FAAN, nous sommes partis des besoins réels des filières de produits et de services, actuels et à venir. Les besoins à anticiper, c’est plus d’information instantanée pour plus de sobriété et de précision, de capacité prédictive, de connexion avec ses pairs, l’amont et l’aval et moins de pénibilité et de charges, y compris mentale.
Nous avons construit notre projet en allant chercher les partenaires adaptés pour développer les compétences en nouvelles technologies nécessaires à la transition des exploitations vers cette troisième révolution agricole, qui sera numérique, robotique et énergétique, et répondre aux vastes enjeux du défi climatique et des tensions d’emploi dans la filière.
Pour vous donner un exemple parlant : nous venons de nouer un partenariat avec le Cnes (Centre national des études spatiales) pour créer du contenu de formation permettant d’analyser les données spatiales au bénéfice de l’agriculture. Cela nécessite des compétences d’agronome et de data analyste. Aujourd’hui, personne ne propose une formation de ce type !

FAAN est aussi en relation étroite avec l’association ROBAGRI qui anime le Grand défi de la robotique agricole, autre mesure de France 2030, qui vise à mettre la robotique au service des transitons agros écologiques. Cela passe par une sensibilisation et un recul critique des futurs professionnels

Un consortium soutenu par France 2030

FAAN réunit aujourd’hui des partenaires autour d’un consortium de 19 membres publics et privés : organismes de formation, campus de métiers de qualification d’excellence, réseaux représentant la profession, établissements publics agricoles, entreprises de conception d’outils immersifs, laboratoires de recherche. Le projet a été lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir ». Le coût total du projet est évalué à 11,03 millions d’euros, dont 7 millions apportés par l’État via France 2030. Il s’étalera sur 5 ans à compter de la mi 2024.

À quoi va ressembler la ferme de demain ?

Imaginons une ferme équipée de 10 hectares de panneaux photovoltaïques. Dans cette ferme, il y a aussi des drones, des robots terrestres ou volants, des systèmes de captage d’information au sol, de la donnée satellitaire…
On va mettre au point un système qui capte des données portant sur un certain nombre d’indicateurs d’ordre économiques, environnementaux, sociaux nous semblant pertinents. Une intelligence artificielle les analyse, et envoie des drones ou des robots pour aller collecter des informations complémentaires ou agir directement sur le terrain en arrosant ou en traitant, par exemple.
L’idée est d’utiliser la technologie pour agir de façon précise et optimisée dès que nécessaire et ce, dans un contexte changeant notamment sur le plan climatique.
Cette ferme du futur, et d’autres déclinaisons, vont être expérimentées sur les exploitations des cinq lycées agricoles du consortium.
Au-delà de l’expérimentation technique, nous réfléchissons à une expérimentation sociétale qui bousculerait le modèle économique de l’agriculture. Nous aimerions, par exemple, explorer un système où les énergéticiens ouvriraient aux agriculteurs le capital d’une structure financière propre aux projets agro-voltaïques.
Proposé aux apprenants, ces initiatives peuvent changer la donne économique.

Concrètement, quelles sont les compétences auxquelles FAAN va former ?

Les formations créées vont couvrir de nombreuses connaissances et savoir-faire. Il y a, par exemple, tout ce qui a trait à l’installation et à la réparation de panneaux photovoltaïques liés à l’agriculture, qui ont des spécificités.
Le but premier de ces panneaux n’est pas de produire de l’énergie mais de suivre la course du soleil pour l’orienter vers les plantes, par exemple, ou encore de servir d’ombrière et de récupérateur d’eau de pluie –ce qui devrait d’ailleurs servir de support à la réimplantation de la filière thé en Occitanie. Les entretenir nécessite des compétences techniques et agronomiques.
Nous développons aussi une formation courte pour permettre aux agriculteurs ayant un champ photovoltaïque chez eux de détecter et réparer une panne de manière très facilitée. Cette compétence, aujourd’hui, n’est pas disponible.
Cela peut aussi être des compétences de robotique et mécanique pour la taille des pieds de vigne et des arbres fruitiers, par exemple. Ou encore celles nécessaires pour surveiller les animaux en alpage avec une barrière virtuelle, des colliers connectés, de la géolocalisation et des drones effaroucheurs.
Dès que le cadre législatif le permettra, nous souhaitons aussi créer un bachelor en services de prototypage. Aujourd’hui, il y a très peu d’entreprises capables de répondre à des besoins spécifiques pour concevoir les semoirs par exemple.
Enfin, un autre point crucial pour les métiers agricoles émergents, c’est de réussir à former des enseignants en agroéquipement axés sur les nouvelles technologies. En créant des formations de niveau licence ou bachelor, l’idée est d’inciter des jeunes à devenir enseignants dans ces matières essentielles.
FAAN compose une offre de modules courts ou longs, allant du niveau CAP au master ingénieur, et incluant aussi de la formation continue. Cette formation intègre les nouvelles technologies dans son contenu mais également dans ses méthodes d’enseignement, assez innovantes.

Comment les nouvelles technologies s’intègrent-elles dans la pédagogie ?

Pour l’enseignement, nous allons développer des systèmes immersifs, en exploitant tout ce qui est simulateur didactique, jeux sérieux, réalité virtuelle et augmentée. Nous sommes actuellement au début du projet sur ce point, dans la phase d’idéation. Mais l’idée est d’utiliser toutes les technologies disponibles en les exploitant au mieux pour nos formations.
Concrètement, cela peut vouloir dire par exemple que nos élèves pourront apprendre à monter et démonter la boite de vitesses d’un tracteur en 3D avec un casque de réalité virtuelle autant de fois que nécessaire et en toute sécurité. La réalité augmentée, elle, peut permettre de suivre depuis son mobile le trajet du grain dans une moissonneuse batteuse, pour optimiser les moissons.

Une plateforme intelligente

Tous ces systèmes immersifs seront hébergés sur une plateforme qui permettra l’enseignement à distance. La particularité de cette plateforme est qu’elle offrira un apprentissage adaptatif grâce à l’intelligence artificielle. Cela veut dire que la plateforme va s’adapter à l’évolution des connaissances de l’apprenant en sautant certaines questions par exemple si elle considère qu’elles sont déjà acquises en se basant sur la rapidité de sa réflexion et de ses réponses.

La filière connaît une crise des vocations. Comment attirer les jeunes vers les métiers agricoles ?

Pour attirer vers nos formations, nous sommes en train d’imaginer un espace itinérant qui va sillonner les territoires pour faire connaître les nouvelles technologies agricoles et montrer que l’agriculture d’aujourd’hui, ce n’est plus le papy qui fait son sillon avec son bœuf. Voir des robots, des drones… a de quoi susciter des vocations ! Il y en a vraiment pour tous les goûts.
Plus généralement, je trouve que la formule du ministère : « l’aventure du vivant » est très pertinente. Venez tenter l’aventure du vivant ! Mais c’est aussi l’aventure du futur, parce qu’on est dans quelque chose de très avant-gardiste.
L’agriculture est peut-être le métier le plus séculaire, et pourtant, c’est aussi le métier le plus innovant. Nourrir la planète en étant innovant, c’est un métier qui a du sens.

Où en est FAAN dans son développement ?

Nous sommes en phase d’idéation pour une partie de nos contenus. Nous avons déjà créé une petite dizaine de formations courtes.
Pour les formations de longue durée, le processus de création prend deux ans et nécessite de s’enregistrer au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Pour les métiers émergents, le délai est raccourci à un an : une génération de formés suffit pour pouvoir demander la certification au RNCP.
Être lauréat France 2030 nous donne les moyens de concrétiser les actions dont nous rêvions. Tout le monde avance, c’est euphorisant. Et collectivement nous pensons pouvoir impacter profondément l’agriculture française.
Tout ceci s’inscrit dans un temps long. « Une forêt ne pousse pas en deux semaines, ni en deux ans ». Notre volonté est de créer à terme un campus des métiers et des qualifications d’excellence, qui va emmagasiner toute l’expérience de FAAN et l’amplifier sur une très longue période, en s’associant avec un maximum de partenaires et sur un grand nombre de territoires.
FAAN est la première marche d’un projet très ambitieux. Nous nous devons de le réussir car les enjeux sont d’ores et déjà colossaux.
source: https://www.info.gouv.fr/actualite/quelles-competences-pour-lagriculture-du-futur

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