Hautes-Pyrénées: Première mondiale, Mersen Boostec a livré la dernière « pièce maîtresse » du futur télescope géant qui sera implanté au Chili.
(Les équipes de Mersen Boostec rassemblées autour du cinquième miroir du futur télescope géant. /DR)
La société installée à Bazet et spécialisée dans les pièces en carbure de silicium vient de livrer le cinquième miroir de l’ELT, le futur télescope géant piloté par l’Observatoire européen austral qui se dressera à 3 000 m d’altitude au Chili à l’horizon 2027.
L’instant méritait bien une photo solennelle. Rassemblées autour du miroir elliptique de 2,70mx2,10m, tout en carbure de silicium, ce matériau que Mersen Boostec façonne selon un process unique et qui a fait la réputation de l’usine de Bazet à l’international, les équipes peuvent poser fièrement. La livraison à Safran Reosc du cinquième et dernier miroir de l’ELT (pour extremely large telescope) de l’Observatoire européen austral correspond à une première mondiale, pour ce qui sera le poste d’observation de l’espace le plus puissant du monde, avec un miroir primaire de 39 m de diamètre. Ce télescope géant est en cours de construction au Chili, sur le Cerro Armazones à plus de 3 000 m d’altitude. Une position avancée de choix dans un environnement désertique qui doit permettre de réaliser des progrès significatifs en astronomie, pour comprendre l’évolution des galaxies et de l’univers.
Un projet d’ampleur inédite et pour lequel la société bigourdane Mersen Boostec, qui a contribué à diverses missions spatiales et compte des éléments embarqués sur près de 20 instruments dans l’espace, a pu faire prévaloir son savoir-faire et sa maîtrise, notamment sur le carbure de silicium. « La signature de ce contrat majeur faisait suite à des contacts noués de longue date et à un travail de près de dix ans sur des démonstrateurs, des prototypes, nous détaillait Jérôme Lavenac, le directeur du site industriel bazétois. Pour le 5e miroir, il s’agit d’un miroir elliptique de 2,70mx2,10m, tout en carbure de silicium, afin de pouvoir vibrer pour corriger les déformations du système. C’est l’avantage de ce matériau qui peut se déformer pour contrer les diverses perturbations de l’image et stabiliser l’image qui sera délivrée. C’est une fierté car on est vraiment sur une pièce maîtresse. » D’autant qu’en plus du 5e miroir, Mersen Boostec a également réalisé partiellement le 4e, en lien avec un consortium italien.
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Six pétales et une première
Dans un communiqué, l’entreprise détaille que le miroir M5 est « composé de six pétales en carbure de silicium. En assemblant par brasage ces pétales, Mersen Boostec a réalisé une prouesse technologique. La pièce présente en outre une homogénéité parfaite sur l’ensemble de la surface optique de polissage. » Le miroir sera monté sur vérins et vibrera en permanence afin de corriger les perturbations liées au vent et aux turbulences de l’atmosphère. « D’une longueur de 2,7m, il sera le plus grand miroir tip-tilt au monde », du nom du process utilisé pour corriger ces perturbations.
Les premiers travaux de génie civil sur le site au Chili ont débuté en 2014 et la réalisation de la partie optique a été entamée en 2017. L’inauguration du télescope le plus puissant du monde, initialement prévue cette année, a été reportée à 2027.
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