28 mai 2024 Commentaires fermés

AgriTech: Yves Picquet, « C’est par le combinatoire et l’innovation que nous répondrons aux enjeux de l’agriculture de demain ».

AgriTech: Yves Picquet, « C’est par le combinatoire et l’innovation que nous répondrons aux enjeux de l’agriculture de demain ». dans Agritech ?url=http%3A%2F%2Fl-opinion-brightspot.s3.amazonaws.com%2Fc7%2Fff%2F8b47aaec407abb3d3897f5b42fcf%2F240229mon-1225

Pour réussir la transition agroécologique, il est essentiel, selon Yves Picquet, président de Phyteis, de tenir compte du temps long de la recherche et de l’innovation, du développement des connaissances des solutions et de leurs alternatives, sans oublier l’accompagnement des agriculteurs.

Le plan Ecophyto 2030 maintient l’objectif de réduction de moitié des usages mais vise également à préserver la compétitivité des fermes en accélérant le développement de solutions alternatives. Ce nouveau plan est-il au rendez-vous de la « nouvelle méthode » promise par le gouvernement ?

 

Ces changements interviennent dans un contexte tendu. L’agriculture se demande si elle n’est pas la variable d’ajustement. A la colère économique et la souffrance de certains secteurs, s’ajoute la colère administrative. Il fallait donc une transition, une nouvelle méthode, qui n’est d’ailleurs pas vraiment nouvelle. L’esprit de cette réglementation est le bon, mais la méthode reste inadaptée. Les objectifs fixés par le Plan sont toujours liés à la réduction des moyens de production. Nous nous infligeons des réductions de moyens de production alors que nous ne savons pas si nous serons en capacité de produire.

Ne faut-il pas commencer par s’interroger sur ce qu’il faut produire, puis se fixer des objectifs ambitieux pour diminuer l’impact de la production sur l’environnement ? Il ne doit pas s’agir de parvenir à une agriculture sans pesticides, mais à une agriculture plus durable, tenant compte de la parole de chacun des acteurs de la chaîne de valeur. C’est là l’enjeu de la nouvelle méthode. Il faut garder en tête qu’abandonner purement et simplement les produits phytopharmaceutiques poserait de nombreux risques : agricoles, alimentaires, sanitaires, techniques… Pour continuer à produire avec moins d’impact, il faut avoir une approche combinatoire qui repose sur l’agronomie digitale, les biosolutions, les biotechnologies et la phytopharmacie – sans oublier les bonnes pratiques agronomiques. C’est sur la base de ses piliers, renforcés par l’innovation, que la France et l’Europe seront capables de garantir à leurs consommateurs une alimentation de qualité, en quantité suffisante et à un prix abordable.

Pour atteindre ces objectifs, ne faut-il pas sensibiliser davantage les agriculteurs ?

Il le faut absolument et cela implique de consacrer davantage de moyens au déploiement des nouvelles solutions et pratiques agricoles. Les outils comme le digital ou les biosolutions sont en pleine effervescence. Pour en encourager l’adoption, il faut accompagner le déploiement de ces solutions et atteindre les agriculteurs, notamment par un conseil adapté à leurs besoins et à leurs contraintes. Le projet de loi d’orientation pour l’agriculture répond en partie à cet objectif, mais il faut aller plus loin. Si nous voulons attirer des professionnels, il faut renforcer l’attractivité du secteur, mettre en avant le fait que notre agriculture évolue continuellement et qu’elle se base sur les bonnes pratiques agricoles.

Est-ce que les différents acteurs, aussi bien les organisations professionnelles que les agriculteurs, sont associés à la recherche de solutions ?

Des sommes importantes ont été allouées pour faire de la recherche. Marc Fesneau a lancé le dispositif Parsada pour essayer de comprendre où se situent les impasses techniques et ne pas engager d’interdictions sans solution alternative. L’idée de réaliser des partenariats publics privés est une excellente idée. La solution de demain sera plurielle. 38 % des problématiques rencontrées par les agriculteurs français ne trouvent pas de solutions. Il est aujourd’hui compliqué de produire en grande quantité sans se reposer sur les quatre piliers de l’approche combinatoire, dont la chimie.

La solution de demain sera plurielle

 

Le Gouvernement a annoncé en février le remplacement du Nodu, l’indicateur français de mesure de l’utilisation des phytos, par l’indicateur européen HRI1. Cette mesure va-t-elle dans le bon sens ?

Il est important de pouvoir travailler avec un indicateur unique pour tous les acteurs européens afin d’éviter les distorsions de concurrence et faire converger les enjeux de préservation de la santé et des écosystèmes, d’adaptation de l’agriculture au changement climatique et de souveraineté alimentaire. Phyteis ne défend pas un indicateur plutôt qu’un autre, mais simplement l’intérêt de mesurer le risque lié à la production plutôt que la quantité de matières actives utilisées. Une chose est sûre. Se fixer uniquement un objectif quantitatif de réduction des moyens de production, sans tenir compte des spécificités des terroirs, c’est laisser se poursuivre les effets négatifs identifiés par les études d’impacts : baisse des surfaces agricoles, des rendements, multiplication des impasses techniques, hausse des prix, baisse des exportations/hausse des importations.

En décembre dernier, une Commission d’enquête parlementaire s’est penchée sur « les causes de l’incapacité de la France » à atteindre les objectifs fixés par les différents plans Ecophyto. L’approche combinatoire promue par Phyteis peut-elle être un levier de réussite pour Ecophyto 2030 ?

 

L’approche combinatoire est effectivement un levier important qui doit trouver toute sa place dans le cadre du plan Ecophyto. Si l’on se penche sur les précédents plans, il faut nuancer la notion d’ « incapacité de la France à atteindre ses objectifs ». En effet, le volume des ventes des adhérents de Phyteis à la distribution a déjà reculé de 17,4 % depuis 2008, année de lancement du plan Ecophyto, et de 46 % depuis 1999. Si l’on se penche sur les précédents plans, il faut nuancer la notion d’ « incapacité de la France à atteindre ses objectifs ».

Par ailleurs, les produits utilisables en agriculture biologique comptent aujourd’hui pour plus du tiers des volumes de matières actives vendues (37 %) à la distribution, avec des ventes en croissance de plus de 50 % par rapport à 2020. Ces chiffres montrent que les pratiques ont évolué, que les progrès ont été importants avec la mise à disposition de produits toujours plus sûrs et sécurisés. Il y a aussi eu des avancées importantes dans le domaine des produits classés CMR (Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques) mais également avec le lancement de produits de biosolutions.

L’approche combinatoire promue par Phyteis s’inscrit dans la droite ligne de ces progrès. Reste à créer les conditions favorables à l’accélération du déploiement et de l’adoption de ces solutions. Pour ne pas pénaliser l’Europe, nous réclamons l’ouverture de nouveaux champs d’innovation comme les NGT. Nous mettons tout en œuvre pour amener ces résultats au niveau de la ferme de tout un chacun.

 

 

source: https://www.lopinion.fr/economie/yves-picquet-cest-par-le-combinatoire-et-linnovation-que-nous-repondrons-aux-enjeux-de-lagriculture-de-demain

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