Hautes-Pyrénées: Comment la start-up Gaz de Ferme adapte la méthanisation aux petites exploitations.
Grâce à une innovation technologique brevetée de séparation du biogaz en biométhane et bio-CO2, Gaz de Ferme déploie depuis Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées) un modèle technico-économique de valorisation des effluents d’élevage adapté aux petites exploitations agricoles. Coup d’envoi de l’industrialisation.
La couleur est annoncée d’emblée. «Notre ambition est d’assurer une rentabilité de la petite méthanisation à la ferme, à partir de 500 tonnes d’intrants par an, soit l’équivalent de ce que produit en effluents d’élevage une exploitation d’une trentaine de vaches ou de 300 moutons, pour un investissement d’environ 400 000 euros, contre plus de 10 000 tonnes de matières brutes nécessaires pour les unités classiques et plusieurs millions d’euros», déclare Romain Casadebaig, président de Gaz de Ferme. Cet ingénieur en microbiologie végétale, spécialiste de la biotechnologie environnementale, s’est appuyé sur des travaux conduits par Pierre Lebbe, un exploitant agricole spécialisé dans l’élevage de chèvres, installé dans les Hautes-Pyrénées. A la clé, la création d’une société en 2016 et le développement d’un modèle technico-économique de production de biogaz adapté à de petites exploitations.
Deux voies de valorisation du biométhane et du CO2
Après plusieurs années de R&D et la mise au point d’un site pilote sur l’exploitation de Pierre Lebbe, Gaz de Ferme, implanté à Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), s’apprête à franchir le pas de l’industrialisation. Une première installation va être équipée avant fin 2022 dans les Pyrénées-Atlantiques. Les précommandes affluent. Une vingtaine d’installations sont prévues un peu partout en France, dès 2023. L’objectif est d’équiper 200 fermes d’ici à 2024, et près de 10 000 à horizon 2030.
Au cœur du dispositif: un procédé innovant de séparation du biométhane et du dioxyde de carbone, qui permet de valoriser 100% du biogaz issu de la fermentation des intrants. Le brevet a été déposé dès 2017. Outre l’industrialisation de ce carbo-séparateur, Gaz de Ferme développe deux voies distinctes et complémentaires de valorisation. Le biométhane est stocké sur site, compressé et relié à une borne de distribution pour être utilisé par l’exploitant lui-même et quelques clients de proximité, comme carburant de substitution aux carburants fossiles.
De son côté, le CO2 reste la propriété de Gaz de Ferme. Liquéfié et stocké sur site, il est collecté et conduit à la plateforme de conditionnement de la société, à Vic-en-Bigorre, où plusieurs modèles de bouteilles sont proposés. La société cible à la fois les brasseries et cidreries, le secteur de la sécurité, pour les extincteurs ou des activités de loisirs, comme le paintball ou la plongée. Un conditionnement d’un kilo est également prévu pour le marché des appareils de gazéification de l’eau à domicile. D’ici à 2025, deux autres plateformes de conditionnement devraient être installées en France pour se rapprocher des sources de production du bio-CO2. «Nous proposons une solution de valorisation en circuit court, à la fois écologique, durable et économiquement rentable. Notre technologie n’utilise en outre aucun intrant chimique», se félicite le chef d’entreprise.
Une trentaine d’emplois à horizon 2025
Pour accompagner l’industrialisation des carbo-séparateurs et des bouteilles de CO2 biosourcé, une levée de fonds a été lancée. Elle devrait permettre de collecter entre 700 000 et 800 000 euros auprès de quelques business angels et via une opération de crowdfunding orchestrée par Wiseed. «Le tour de table sera bouclé avant la fin novembre», assure Romain Casadebaig. De quoi accélérer la croissance de l’entreprise.
Gaz de Ferme, qui assure tous ses développements en interne avec une équipe de trois salariés, compte créer une dizaine d’emplois avant l’été 2023. L’atelier de Vic-en-Bigorre va être agrandi dès le début de l’année 2023. Dans trois ans, l’effectif devrait être porté à une trentaine d’emplois, pour un chiffre d’affaires annuel qui devrait être de l’ordre de 4 millions d’euros.
source: https://www.usinenouvelle.com/article/comment-la-start-up-gaz-de-ferme-adapte-la-methanisation-aux-petites-exploitations.N2059597
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