16 février 2023 Commentaires fermés

Haute-Garonne: La méthode d’Upnext, la tête chercheuse d’Airbus en matière d’innovation de rupture.

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(Sur un Cessna, l’équipe du projet Extra performance wing teste une voilure pour réduire l’usage du fuel.)

 

UpNext est l’entité d’Airbus qui sert de tremplin aux technologies de rupture. Avec elle, l’avionneur espère garder une longueur d’avance dans le secteur. La recette : beaucoup d’innovations et un management atypique.

En quelques secondes, la fumée emplit l’habitacle de plexiglas à ossature en bois, puis se dissipe peu à peu. Elle est générée par une simple machine à fumée pour fête, associée à un système d’air comprimé. Rudimentaire, ce banc d’intégration de près de deux mètres de longueur ? C’est pourtant l’une des premières réalisations visibles liées au futur avion à hydrogène, le pari d’Airbus lancé en 2020. «Il nous sert à comprendre comment ce gaz va se comporter au sein d’un système propulsif», souligne Jean-Michel Rogero, ingénieur au sein du groupe, à Toulouse (Haute-Garonne). Il permet également de valider le niveau d’encombrement de deux réservoirs de stockage d’hydrogène de 60 litres chacun. Ces dimensions sont précisément celles du planeur qui volera, en 2023, avec un petit moteur à hydrogène. Objectif du projet Blue Condor ? Mesurer l’impact environnemental des traînées de condensation de la combustion d’hydrogène. De quoi affiner les choix technologiques pour le futur avion d’Airbus.

Gérer un potentiel et un risque

Derrière cette innovation en « mode garage », une entité du groupe dont les méthodes ont rarement été dévoilées : Airbus UpNext.

Créée en 2017, la tête chercheuse d’Airbus est chargée d’explorer les technologies de rupture qui représentent à la fois un potentiel commercial, mais aussi un vrai risque industriel. C’est cette entité qui a permis au groupe de dégainer, en septembre 2020, son projet d’avion à hydrogène, après deux ans de travaux. «Le terme de start-up caractérise bien notre fonctionnement, assure Sandra Bour Schaeffer, qui pilote la structure depuis 2018. Par rapport au reste du groupe, notre rôle est de repousser des limites, d’apporter un regard nouveau». L’ambiance dans les locaux en témoigne. Là, un billard trône dans un coin. À côté, une affiche fait référence à « Star Wars ». Après le trou d’air du transport aérien de 2020, Airbus UpNext a remis les gaz. Avec en permanence 150 personnes, l’effectif est revenu à celui d’avant-crise. Une dizaine de projets sont menés de front en permanence. Si chacun est défini en accord avec la direction du groupe, cette structure jouit d’une grande autonomie dans son organisation et ses partenariats.

Chaque projet dure de deux à quatre ans : passé ce délai, ça passe… ou ça casse. «On ne remplirait pas notre mission si tous les projets arrivaient à maturité», glisse Sandra Bour Schaeffer. Rien à voir avec les délais classiques des programmes aéronautiques. Parmi les ruptures les plus prometteuses ? Dragonfly, dévoilé mi-décembre, dont l’ambition est de repousser les limites de l’assistance au pilotage. Dans le bâtiment qui l’abrite, les équipes mettent au point les solutions logicielles de demain, environnées de myriades d’ordinateurs reproduisant des cockpits d’avions. «L’une des possibilités est de pouvoir dérouter l’appareil et de l’amener sur un autre aéroport de manière automatique, commente Fabien Perrin, le directeur technique du projet. Cela peut s’avérer nécessaire en cas de dépressurisation de la cabine et d’une perte de capacités des pilotes.» Comment sélectionner l’aéroport ? Quelle route emprunter ? L’avion pourrait devenir force de proposition. «Nous sommes en lien avec le contrôle aérien pour vérifier que notre solution est acceptable», glisse Anaïs Mermet, la coordinatrice opérationnelle. D’autres membres s’attellent aux phases d’atterrissage et de roulage au sol, lorgnant les solutions utilisées par l’automobile dans l’évitement d’obstacles.

Mais pour faire les bons choix technologiques, encore faut-il s’entourer… des bons profils. Chaque projet concentre un collectif de choc, le temps de son développement : certaines recrues sont issues des rangs d’Airbus, d’autres viennent de contrées aussi exotiques que la cosmétique et le luxe. «Nous sommes un peu un laboratoire pour les ressources humaines, avec une politique de rémunération différente du reste du groupe», confie Sandra Bour Schaeffer. Illustration : le projet Ascend, qui mettra en œuvre, en 2023, un démonstrateur au sol d’un système propulsif fonctionnant via la supraconductivité. Dans ce laboratoire, l’un des quinze membres de cette équipe ferme la cuve cryogénique destinée à tester les composants à des températures entre 20 et 200 Kelvin. «Nous avons recruté des experts qui viennent de France, d’Italie, du Japon, de Suède ou même du Maroc, tous reconnus dans les domaines de la cryogénie, du génie électrique et de la supraconductivité», indique tout sourire Ludovic Ybanez, le responsable du projet.

Au-delà de la collaboration temporaire

La notion d’équipe dépasse même les frontières du groupe. Pour chaque projet, Airbus UpNext établit un réseau ad hoc de partenaires. Pour s’en rendre compte, il suffit de se rendre dans un hangar d’Aerotec, une entreprise toulousaine d’une centaine de salariés, spécialisée dans la maintenance et les modifications de cabines d’avions. Là, un Cessna Citation Longitude est appareillé pour mener, en 2024, des essais inédits liés au projet Extra performance wing : l’aéronef sera équipé d’une aile capable d’adapter sa forme suivant les conditions météorologiques. «La PME Sermat, installée à Nanterre (Hauts-de-Seine), fournit des actionneurs électromécaniques ultraréactifs pour les surfaces de contrôle», indique l’ingénieure aéronautique Laura Montironi, la responsable. Pour tous les projets étudiés, ce genre de rapprochements pourrait dépasser la collaboration temporaire. Car au-delà des choix technologiques, Airbus UpNext prépare aussi le tissu industriel des fournisseurs de demain. La tête chercheuse donne à voir l’aviation, mais aussi l’Airbus de demain.

 

source: https://www.usinenouvelle.com/editorial/la-methode-d-upnext-la-tete-chercheuse-d-airbus-en-matiere-d-innovation-de-rupture.N2084016

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