Europe: Quelle place pour l’innovation numérique dans la politique agricole commune ?
La transition numérique est l’une des priorités de la Commission européenne. L’agriculture est pleinement concernée car les opportunités proposées par les nouvelles technologies pourraient permettre de résoudre certaines des difficultés rencontrées par les exploitants européens.
Les défis auxquels est confrontée l’agriculture européenne sont grands. Parmi eux, la transition écologique mais également le vieillissement des agriculteurs : en 2020, un tiers d’entre eux étaient âgés de 65 ans ou plus, tandis que les moins de 40 ans n’en représentaient que 12 %.
Ces derniers mois, le contexte est devenu encore plus délicat : l’invasion russe en Ukraine a entrainé d’importantes répercussions sur l’ensemble de la production européenne, en renchérissant en particulier le coût des engrais.
Malgré ces difficultés, la Commission européenne n’est pas revenue sur ses ambitions pour l’agriculture. Avec sa stratégie “de la ferme à la table”, elle propose de fixer un objectif juridiquement contraignant de diminution de 50 % de l’utilisation de pesticides d’ici 2030, ou encore consacrer 25 % des surfaces agricoles au bio au même horizon.
La piste numérique
Pour résoudre cette difficile équation, l’exécutif européen mise notamment sur la transformation numérique du secteur. Selon les services de la Commission, l’agriculture 4.0 doit conduire à des “performances économiques et environnementales accrues, permettant aux agriculteurs de prospérer”. Le tout en améliorant leurs conditions de travail et en garantissant une meilleure transparence tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Une conception au cœur de la nouvelle politique agricole commune (PAC), qui entre en vigueur le 1er janvier 2023. Ainsi, l’un des dix objectifs-clé de cette nouvelle période de programmation est formulé de la manière suivante : “moderniser l’agriculture et les zones rurales en favorisant et en partageant les connaissances, l’innovation et la numérisation, et en encourageant leur adoption par les agriculteurs grâce à un meilleur accès à la recherche, à l’innovation, à l’échange de connaissances et à la formation”.
A travers les deux fonds de la PAC, l’Union européenne (UE) entend promouvoir des actions de conseil, d’échanges de connaissances, d’aide à l’investissement ou encore poursuivre le travail du partenariat européen d’innovation pour la productivité et la durabilité de l’agriculture (EIP-AGRI). Mis en place en 2012, ce réseau vise à soutenir les secteurs agricole et sylvicole en leur proposant de relever les principaux défis auxquels ils sont confrontés. Il mise pour cela sur la création de partenariats entre les acteurs pour partager les innovations en matière agricole.
Concrètement, ces échanges doivent permettre de généraliser des pratiques observées ces dernières années, comme l’utilisation de matériel innovant pour répandre engrais et produits phytosanitaires en quantité suffisante et au bon endroit. Des serres connectées permettant de connaitre la température et l’hydrométrie ont également vu le jour récemment.
Développer de nouvelles technologies
Mais la Commission européenne ne veut pas uniquement se reposer sur ces actions et souhaite développer de nouvelles technologies. Pour cela, elle veut s’appuyer sur deux fonds européens : Horizon Europe et le programme pour une Europe numérique (DIGITAL).
Le premier est le programme de l’UE pour la recherche et l’innovation. Un des nombreux clusters qui le composent est spécifiquement dédié à l’alimentation, l’agriculture, le développement rural et la bioéconomie. Doté de 10 milliards d’euros, il doit permettre d’adapter certaines technologies de pointe à l’agroalimentaire. Parmi les pistes évoquées, on retrouve ainsi les drones, l’intelligence artificielle (IA), l’Internet des objets (IoT), la 5G et les solutions périphériques (Edge solutions) pour l’agriculture à distance. La blockchain ou la robotique sont d’autres éléments avancés dans Horizon Europe.
Le second, nouveauté de la programmation 2021-2027, entend quant à lui mener à bien certaines initiatives très spécifiques. Notamment la mise en place d’un espace commun des données agricoles. En facilitant le partage et la mise en commun de ces données, le projet vise à augmenter les performances agricoles en guidant les agriculteurs dans leurs choix. DIGITAL promeut également les expérimentations sur l’intelligence artificielle et la mise en place de pôles d’innovation numérique.
Une agriculture européenne à la traine sur la transition numérique ?
Les solutions proposées entendent répondre à un constat : les dispositifs numériques proposés sont encore peu exploités. Pour la Commission européenne, plusieurs explications à ce phénomène. Tout d’abord, ces outils ne sont pas suffisamment adaptés aux besoins des agriculteurs. De plus, ces derniers sont rarement au courant des opportunités proposées. L’âge, le niveau d’éducation ou la taille de l’exploitation rentreraient également en considération.
Enfin, la dernière raison est tout simplement la fracture numérique. La plupart de ces solutions nécessite en effet une connexion haut débit. Or en 2018, 48 % des ménages de l’UE vivant en zone rurale ne disposaient pas d’un tel accès. Il faut également ajouter à cela le fait que la même année, 15 % des personnes vivant dans ces zones n’avaient alors jamais utilisé internet.
source: https://www.touteleurope.eu/agriculture-et-peche/quelle-place-pour-l-innovation-numerique-dans-la-politique-agricole-commune/
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