Pôles de compétitivité: Transformation technologique, environnementale et sociétale des industries,les nouveaux défis pour 2023.

En 2022, les industries sont clairement entrées dans le concret de la transformation environnementale, avec une priorité sur l’enjeu énergétique. Pour être pérenne, la transformation doit avoir un sens économique, or la gouvernance, le financement et l’évaluation de ces actions ne sont pas totalement mâtures dans les organisations. Dans cette interview, Matthieu Locci, Directeur Technique – Énergie et Environnement, Leyton (cabinet de conseil) et Laurent Manach, Directeur Général, Pole EMC2 (pôle européen de compétitivité), analysent la situation à la lumière des résultats de l’étude réalisée à ce sujet par Leyton* en partenariat avec L’Usine Nouvelle.

Pourquoi cette étude d’impact?

Matthieu Locci – LEYTON : Le secteur industriel a engagé depuis plusieurs années sa transition énergétique, mais c’est plus récemment que les enjeux RSE, et plus précisément environnementaux et de décarbonation, ont pénétré ce secteur. Avec cette étude, nous souhaitions voir comment les parties prenantes industrielles se sont saisies concrètement de ces sujets touchant des domaines divers tels que la compétitivité, la réglementation, la réputation, les RH… et ainsi percevoir leur degré de maturité.

Quelles priorités semblent se dessiner dans l’industrie française ? Comment cela influe sur les enjeux énergétiques ?

Matthieu Locci – LEYTON : Il est rassurant de voir que les répondants placent la réduction des consommations d’énergie en priorité dans leur stratégie bas carbone. En effet, 59 % des répondants pensent que le déploiement d’une stratégie bas carbone vise à réduire leur consommation énergétique et 49 % à identifier les postes les plus carbonés et les réduire. Le sujet du poids en carbone de postes de consommation comme l’électrification des procédés gaz par exemple est un moyen très efficace de baisser son impact carbone, car la France est un pays où l’électricité (en grande partie nucléaire) est très peu carbonée.

Laurent Manach – EMC2 : 58 % des répondants optimisent la consommation énergétique/l’ACV des outils de production / process industriels (innovation procédés), et 51 % orientent la R&D vers l’écoconception (innovation produit/écoconception). Il est clair que les mentalités vont évoluer et se tourner vers l’écoconception et l’utilisation de technologies additives. Avec l’évolution des matières premières et les phénomènes de raréfaction, on va trouver un intérêt financier à changer des machines spécifiques et à faire évoluer certains modes de production dans un horizon plus long.

Financierement Quelle est la tendance préoccupante selon vous ?

Matthieu Locci – LEYTON : Malheureusement, seuls 18 % des répondants déclarent avoir mis en place ou envisagent la réorientation des placements financiers, et cet item n’arrive qu’en dernière position : c’est pourtant un levier très important, quand on sait que l’empreinte carbone des grandes banques françaises représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière ! En prêtant plus attention à l’impact de leurs placements financiers, les entreprises peuvent significativement réduire leur impact carbone. C’est d’ailleurs ce qui ressort de la plupart des bilans carbone que nous menons pour le compte de nos clients.

Quel est votre regard sur la gouvernance des entreprises et son lien avec leur progres durable ?

Matthieu Locci – LEYTON : La décarbonation est une action volontariste touchant au sujet de la réputation (enjeux RH) et à la question de la rentabilité (enjeux économiques et financiers). Ainsi, 66 % des répondants déclarent que la gouvernance de leur entreprise doit avoir un modèle rentable et responsable. Une entreprise qui ne fait pas d’effort sur le sujet les sujets RSE risque en effet de perdre un avantage concurrentiel, tant pour les clients, que ses partenaires et collaborateurs.

Laurent Manach - EMC2 : C’est le chiffre le plus important de cette étude ! Il montre qu’un chef d’entreprise est lucide sur ce qu’il doit faire et sur l’équilibre qu’il doit trouver pour répondre aux problématiques et à ses obligations. Toute solution va amener un changement de priorité, c’est pourquoi il est indispensable de l’accompagner.

Plus d’un tiers des industriels interrogés estime que le ROI bas carbone se fera en moins de 10 ans. Qu’en pensez-vous ?

Matthieu Locci – LEYTON : La crise énergétique que nous rencontrons actuellement a fait exploser les prix de l’énergie. Ce contexte de prix haut, qui devrait perdurer, a divisé par 3 à 5 les délais de retour sur investissement pour les travaux liés aux économies d’énergie. Avec le complément de financement que représentent les dispositifs des Certificats d’Économie d’Énergie ou MaPrimeRénov (prime de l’État pour la rénovation énergétique), c’est le moment de lancer des travaux d’économie d’énergie !

Quelle vision avez-vous du déploiement et du financement de cette transformation ? Comment accompagnez-vous les entreprises sur ce chemin ?

Laurent Manach - EMC2 : Nous informons les entreprises pour les aider à mieux comprendre les problématiques de la RSE et de la décarbonation. Nous faisons également le lien entre les appels à projets et les entreprises afin d’obtenir le financement de leurs travaux.

Matthieu Locci – LEYTON : Leyton accompagne ses clients dans la mise en place, le pilotage et le financement de leur stratégie de décarbonation et de transition énergétique : bilan carbone, audit énergétique, élaboration d’une stratégie de transition énergétique/carbone, plan pluriannuel travaux d’économie d’énergie et de décarbonation incluant leur financement : valorisation via le dispositif des Certificats d’Économie d’Énergie, aide au montage des dossiers de subventions (ex : appel à projets ADEME Industrie zéro fossile), accompagnement écoconception… et accompagnement sur des projets de compensation carbone volontaire.

En savoir plus sur l’étude de Leyton en partenariat avec L’Usine Nouvelle ici

source: https://www.usinenouvelle.com/article/transformation-technologique-environnementale-et-societale-des-industries-les-nouveaux-defis-pour-2023.N2047002

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