Hautes-Pyrénées: Comment RTE accompagne la transition énergétique dans les Hautes-Pyrénées.
Le Réseau de transport d’électricité RTE, gestionnaire en charge du réseau public de transport d’électricité haute tension en France métropolitaine, prévoit d’investir plus d’un milliard d’euros en Occitanie entre 2022 et 2025. Un plan d’investissements sans précédent qui doit répondre à trois enjeux majeurs : la rénovation d’installations anciennes, la sécurisation d’infrastructures – avec le choix d’enterrer de nombreux kilomètres de lignes aériennes – et l’adaptation du réseau au développement des énergies renouvelables (EnR).
L’Usine Nouvelle a enquêté dans les vallées des Nestes, dans les Hautes-Pyrénées. L’axe qui dessert les trois vallées de la Neste, d’Aure et du Louron, a été majoritairement construit dans les années 1920. « Il est aujourd’hui vétuste et saturé, contraignant la production hydroélectrique et l’évacuation sur le réseau de l’ensemble de la production locale », résume Dominique Millan, directeur développement et ingénierie chez RTE Sud-Ouest. L’un des objectifs est d’augmenter la capacité d’acheminement de la production d’hydroélectricité, de l’amont vers les vallées, mais aussi d’accompagner l’implantation, plus disséminée sur ce territoire, de projets de production photovoltaïque.
Rappelons que l’Occitanie est la deuxième région de France pour son parc installé d’EnR (éolien, solaire, bioénergies et hydraulique), avec une hausse de 2,7% en 2021 (+ 255 MW). La production d’EnR (16,3 TWh) couvre à elle seule 43,2% de la consommation dans la région, pour un taux national de 25,3%! Avec une accélération notable du solaire (3 TWh), qui a augmenté de 12% en 2021, en lien avec le développement de nombreuses installations. Le parc de production solaire occitan (2 623 MW) est en progression de 21,1% en un an et de 30,3% par rapport à 2019. D’où des adaptations nécessaires, notamment dans les vallées des Nestes.
Des productions d’électricité renouvelable plus décentralisées
« Le réseau 63 kV ne permet pas un fonctionnement optimal de nos usines », confirme Bertran Loock, responsable du département gestion de l’énergie à la direction de l’exploitation de la Shem (Société hydro-électrique du Midi). La filiale toulousaine d’Engie exploite plusieurs grands barrages et usines hydroélectriques sur ce secteur des Hautes-Pyrénées. « Les lignes utilisées sont encore d’anciennes lignes SNCF sur caténaires, loin du standard actuel. A titre d’exemple, l’usine d’Eget est limitée à 30 MW, contre 33 MW de puissance installée, à cause de la saturation du réseau. En cas de défaillance sur une ligne, le transfert complet du transit est impossible et oblige l’arrêt ou la limitation les usines d’Eget et de Louron », précise Bertran Loock.
« Outre la capacité, c’est toute l’architecture qui doit être repensée pour s’adapter à une production plus décentralisée et ciblée sur une consommation locale », ajoute Jean-Paul Mestrot, directeur général de Capgen. Filiale énergie du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne, Capgen s’est engagée en 2020, aux côtés du SDE 65 (Syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées), dans la création de la Sem Ha-Py Energies, pour porter de nouveaux investissements photovoltaïques dans les Hautes-Pyrénées. « Les premiers projets, pour une puissance totale de l’ordre de 20 MWc, ont été engagés, dont un parc au sol à Capvern de 4 MWc qui sera raccordé au poste source de Lannemezan, concerné par le programme de mise à niveau de l’axe des vallées des Nestes », précise Bruno Rouch, directeur général du SDE 65.
Un chantier évalué à 200 millions d’euros
« Le programme de rénovation de l’axe électrique des vallées des Nestes permettra l’évacuation, sans limitation, du potentiel de production d’hydroélectricité déjà installé et d’accompagner le développement du solaire sur l’ensemble de ce territoire, en le dotant d’une capacité de transport supplémentaire de 20 MW, conformément au schéma régional de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR) d’Occitanie, en cours d’élaboration », assure Dominique Millan.
Concrètement, en première phase, des travaux vont démarrer dès septembre sur la commune d’Arreau, en vue de créer un nouveau poste électrique 225/63 kV, avec en parallèle la mise en place de deux liaisons souterraines à 225 kV (30 km) dans la vallée de la Neste, entre Arreau et Lannemezan. Cette première tranche, évaluée à 110 millions d’euros, sera réalisée d’ici à fin 2025. Elle constituera l’ossature sur laquelle s’appuiera la restructuration du réseau électrique 63 kV des deux autres vallées (Aure et Louron), avec là aussi la mise en souterrain de nombreux tronçons. Les travaux s’échelonneront jusqu’en 2030. A terme, 200 millions d’euros seront mobilisés sur l’ensemble du programme de remise à niveau des réseaux des trois vallées.
source: https://www.usinenouvelle.com/article/comment-rte-accompagne-la-transition-energetique-dans-les-hautes-pyrenees.N2023727
OccitanieTech