23 juillet 2021 Commentaires fermés

Gouvernement: Innovation et recherche : mieux que les milliards, une stratégie

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Le gouvernement a dévoilé un plan de 7 milliards d’euros pour relancer l’innovation thérapeutique en France. Mais c’est plutôt la stratégie adoptée pour guider ces investissements qui va vraiment aider la France à rattraper son retard. Et cette stratégie est la bonne, se réjouit Michel Guilbaud, ancien directeur général du Medef.

Un an et demi après le début de la pandémie, nous disposons d’un cas d’école des conséquences industrielles et stratégiques que les épreuves que nous vivons permettent déjà de tirer : c’est l’innovation thérapeutique en France.

Lors de la première vague épidémique, la France s’est trouvée en pénurie des outils les plus essentiels et immédiats pour lutter efficacement contre le nouveau virus, masques et tests en tête, même si son système de santé a pu tenir le choc. Au sortir de la deuxième vague, elle a dû construire la sortie de crise sanitaire sur la base de vaccins conçus et produits à l’étranger.

Alors que la réforme des retraites, enlisée, a occupé et crispé l’espace médiatique, une réforme discrète et pourtant importante a eu au contraire un chemin bien construit. Tout se passe comme si la France avait voulu comprendre la racine de ses échecs, tirer profit des expériences étrangères et du secteur privé, des problèmes remontés par toute la filière de production et de recherche en santé, et faire de cet enjeu de souveraineté une priorité. Le constat a été exposé lors du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS).

La clé de la réforme présentée est qu’elle ne se joue pas sur le terrain des sommes, mais de la stratégie. Ainsi, en gardant une seule lecture chiffrée des annonces faites par Emmanuel Macron au CSIS, on serait presque déçu d’une enveloppe près de trois fois moindre que celle du «Ségur de la santé». C’est d’ailleurs sur ces 7 milliards d’euros d’investissements que l’attention médiatique s’est principalement portée.

Derrière les milliards, c’est une réponse précise et de long terme qui a été énoncée. Les oppositions de droite comme de gauche commencent à dénoncer l’inefficience d’un plan de relance qui arrose l’économie sans la guider. La sortie du «quoi qu’il en coûte» impose des choix politiques, des arbitrages difficiles mais raisonnés : le plan pour l’innovation thérapeutique en est l’incarnation.

S’attaquer à toute la chaîne de l’innovation

Le Président a ensuite utilisé des échéances prévues pour amorcer des réformes ambitieuses et ciblées. En mars, la signature d’un nouvel accord cadre entre le ministère de la Santé et les entreprises du médicament introduit des nouveaux mécanismes de fixation de prix afin d’en raccourcir les délais. Fin 2021, le nouveau campus PariSanté rapprochera les start-up de l’Inserm, de l’Inria et d’autres organismes de recherche pour enfin créer un écosystème d’innovation qui occupera à terme 73.000 mètres carrés au Val-de-Grâce.

Mais c’est surtout le CSIS, dont la méthode de préparation a été profondément repensée pour 2021, qui a poursuivi ces ambitions en s’attaquant de manière cohérente à toute la chaîne de l’innovation, depuis la recherche jusqu’à la négociation de prix et l’accès des patients aux traitements. Les personnalités qualifiées en charge de sa préparation n’ont pu adopter cette démarche exhaustive qu’en quittant la bulle de l’État, en interrogeant le secteur privé, en sondant les systèmes des pays étrangers.

Les acteurs de la filière pointaient du doigt un accès aux médicaments innovants particulièrement tardif en France, bien au-delà des délais imposés par les directives européennes : on décide de changer profondément le système en s’inspirant du modèle allemand, où la négociation du prix ne retarde pas sa commercialisation.

Reste naturellement à traduire le discours dans les faits, et dès la sortie de l’été le projet de loi de financement de la sécurité sociale sera scruté à la loupe pour juger concrètement ce volontarisme affiché.

La santé devient ainsi un parfait exemple de ce qu’on peut faire en repensant la méthode de réforme, sans effets d’annonce de milliards débloqués. Ces réformes, discrètes mais saluées par la filière, doivent pouvoir s’appliquer à d’autres secteurs. L’ampleur du choc subi a permis une réponse nouvelle, illustrant ce qu’Emmanuel Macron aurait ambitionné de réaliser dans une deuxième partie de quinquennat qui n’aurait pas été accaparée par la gestion de crise.

Michel Guilbaud est associé au cabinet Batout Guilbaud, ancien directeur général du Medef.

source:  www.lesechos.fr

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