12 février 2021 Commentaires fermés

Il faut pouvoir montrer des innovations de classe mondiale »

Erik Linquier

 

Neuf mois et ce devrait être une renaissance. En octobre 2021, l’Exposition universelle de Dubaï doit enfin ouvrir ses portes, chose impossible à l’automne 2020 pour cause de Covid-19. Le pavillon français devrait alors proposer toutes les dégustations qu’il faut, avec la marraine cheffe pâtissière Jessica Préalpato, tout en donnant dans la high-tech, avec en parrain l’astronaute Thomas Pesquet, qui devrait être alors juché en très haute atmosphère à bord de la station spatiale internationale. Sont promis pendant six mois, jusqu’en mars 2022, à la fois une fête – pour le grand public qui peut s’émerveiller – et un lieu d’échanges international – pour entreprises et leurs professionnels qui peuvent y nouer des contacts voire signer des contrats, et aussi des représentants des gouvernements. Sont très attendus les Moyen-Orientaux mais aussi les visiteurs venus d’Asie, qui ont mieux jugulé la pandémie que l’Europe et les Etats-Unis. C’est du moins ce qu’assure Erik Linquier, commissaire général de la France et président de la Cofrex, qui participera à un Webinaire mercredi 10 février (1), pour prendre la mesure de l’événement, où l’on devra être capable de convaincre de la qualité de ses innovations des Chinois, des Singapouriens, des Indiens, des Saoudiens… Parce que l’exposition a pour titre « Connecter les esprits, construire le futur », Sciences et Avenir – La Recherche ne pouvait pas ne pas s’y associer, et organise une croisière dans les Emirats du 26 novembre au 5 décembre, planifiant une visite exhaustive du pavillon français, et des rencontres de haut niveau. Interview.

 

URGENT. Ce mardi 9 février 2021, entre 16h30 et 17h, les Emirats arabes unis doivent mettre en orbite de Mars la sonde Hope, Al Amal en arabe, qui a quitté la Terre en juillet dernier. Dans un stream sur la chaîne Twitch de Sciences et Avenir enregistré le 28 janvier, le planétologue François Forget, qui fait partie de l’équipe scientifique de Hope, relevait que « grâce à une orbite astucieuse – la sonde va se mettre au niveau de l’Equateur, à grande distance de Mars -, on va observer la planète d’une façon inédite » et que « cela va être une des meilleures missions pour étudier le climat et l’atmosphère de Mars ». L’équipe de Hope, essentiellement féminine, est dirigée par Sarah El-Amiri, par ailleurs directrice de l’Agence spatiale des Emirats arabes unis (voir les commentaires de François Forget à 27 min et 10 secondes dans cet extrait de la vidéo Twitch).
Olivier Lascar

Sciences et Avenir : Quel est le rôle d’une exposition universelle – qui peut donner dans l’esprit des Français une impression de suranné. Et en particulier de celle de Dubaï ?

Erik Linquier : Une exposition universelle sert à connecter les pays entre eux, c’est son rôle. Et le propre d’un événement de ce genre, c’est de parler de progrès et d’innovation. Aux Emirats, à l’heure où ils fêtent le cinquantenaire de leur création, c’est l’occasion pour eux de renouveler la façon dont le monde les perçoit. A Dubaï, ils ont voulu toute une réflexion sur la ville durable, de façon à la montrer sous un nouveau visage, non plus celui de la consommatrice d’eau et de pétrole, mais une ville de 2050 ou 2070. Autrement dit un modèle pour les grands pays émergents, qui pousse la réflexion et s’engage sur un développement durable où seront pris en compte les questions d’entassement urbain, le gaspillage énergétique, la gestion des déchets…

 

« Une réflexion sur l’innovation à 360° »

Notre intérêt ?

Nous avons, nous Français dont le pavillon est dans le secteur « Mobilité » de l’exposition, tout intérêt à être participants à cette réflexion sur la ville durable, parce qu’on a des idées sur le sujet ! Mais surtout parce qu’on a une filière économique extrêmement dynamique sur les services urbains, qui a toutes les raisons de se mettre en valeur à cette occasion – sur l’énergie, les télécoms, les transports… On a travaillé avec les marques sectorielles de type French Tech, French Fab, French Healthcare ; nous soutiennent de grands groupes comme Veolia, Suez, Transdev, RATP, Bouygues, Vinci… qui sont capables d’aborder globalement une problématique de développement urbain.

Est-ce que des laboratoires sont associés à cette « construction du futur » ?

La réflexion sur l’innovation étant à 360°, cela implique aussi bien les chercheurs, les universitaires, que les entreprises, les collectivités locales, potentiellement aussi des ONG… Tous ceux qui peuvent réellement montrer des innovations de classe mondiale. Dans notre espace permanent, il y aura bien sûr le CNES (agence spatiale française) – Thomas Pesquet est le parrain du pavillon- , mais aussi des acteurs qui ont su se connecter aussi bien avec la recherche en amont qu’avec leurs clients en aval. Un continuum tel que l’a réalisé une entreprise labellisée « porte-drapeau du futur de l’industrie française » (1), spécialisée en logistique des encombrants. Elle a remis au goût du jour les ballons dirigeables, les leurs étant capables de déplacer jusqu’à 60 tonnes. Avantage, le besoin d’infrastructure est quasiment supprimé puisque le ballon n’a pas besoin de se poser et ne nécessite donc ni route ni piste d’aéroport. L’entreprise, partie de travaux à l’Office national des forêts (ONF) a déjà réussi à réunir des capitaux québécois, chinois…

« On a beau dire qu’il y a une mondialisation des esprits, on constate que chacun reste chez soi ! »

Qu’est-ce qui fait le succès d’une telle exposition dans le monde déjà connecté d’aujourd’hui ? Le nombre, comme à Shanghai (Chine) en 2010, où se sont rendus plus de 70 millions de visiteurs ?

 

J’associe le succès d’une expo universelle au fait qu’un pays [qui l’organise ndlr] est réellement en situation d’émergence économique et d’inventivité. Ce n’est pas un hasard si toutes les expositions du XIXè siècle se sont déroulées en France, en Grande-Bretagne et en Belgique, puis, au XXe, dans les mêmes pays plus les Etats-Unis. Dans la deuxième moitié du XXe, il y a eu de moins en moins d’Européens organisateurs… Mais aujourd’hui les Moyen-Orientaux, les Africains, les Asiatiques, aux avant-postes de la croissance mondiale, voient toujours dans ces événements quelque chose de pertinent pour faire progresser l’innovation. Une chose me frappe aussi : on a beau dire qu’il y a une mondialisation des esprits, on constate que chacun reste chez soi ! Les entreprises se retrouvent dans les salons professionnels, les scientifiques dans les colloques et congrès, les gouvernements dans les conférences internationales. Des gens qui n’ont pas forcément l’habitude de se rencontrer peuvent ainsi en trouver l’occasion lors d’une expo universelle. A Dubaï, les Britanniques et les Allemands viendront sûrement, car ce sera aussi l’occasion de se retrouver. Il y aura un besoin de refaire des connexions, de refaire des affaires ensemble, après une période de 18 mois sans salon professionnel à cause du Covid19. Zoom ou Teams ne suffisent pas, il faut voir les gens en face-à-face autour d’une table. Il va y avoir un effet de rattrapage à l’automne 2021. On n’a pas connu pareille chose depuis la deuxième guerre mondiale.

1) Nous respectons l’embargo sur son nom, qui nous a été demandé par Erik Linquier, et le dévoilerons si les accords aboutissent.

2) 10/2/2021 à 15H. Inscription gratuite. Avec Laurent Rigaud, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient ; Agnès Lopez cruz, managing director, French business Council Dubaï et Northern Emirates ; Erik Linquier, commissaire général de la France à l’Exposition universelle de Dubaï 2021 et président de la Cofrex.

 

 

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/agenda/il-faut-pouvoir-montrer-des-innovations-de-classe-mondiale_151636

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