L’eolien flottant veut convaincre l’etat de sa viabilité industrielle
Tout juste naissante, la filière demande des volumes supplémentaires d’appels d’offres dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Echaudé par les faibles retombées industrielles du solaire et de l’éolien en mer, le gouvernement préfère orienter le soutien public vers des énergies moins coûteuses.
L’industrie du vent cherche son salut dans l’éolien flottant. Avec des projets qui accumulent les retards dans l’éolien en mer posé et un coup de mou dans les éoliennes terrestres, la filière, qui se réunit à partir de ce mercredi au Salon FOWT à Montpellier (Hérault), cherche à pousser la technologie flottante pour la décennie à venir.
Les quatre projets expérimentaux - 4 éoliennes par parc, au large de la Bretagne et en Méditerranée - attribués en 2016 aux consortiums emmenés par Eolfi (associé au chinois CGN et à la Caisse des Dépôts), Eolmed (Quadran Energies marines avec Ideol, Bouygues et Senvion), EDF (avec SBM Offshore, Siemens Gamesa et Prysmian) et Engie (avec le portugais EDPR et CDC), attendent leurs autorisations. L’enquête publique sur le projet d’Engie s’ouvre ces jours-ci et celle d’Eolmed en mai ou juin.
Le turbinier Senvion en difficulté
Les péripéties ne manquent pas. Le désengagement de GE pour fournir les éoliennes de deux des trois projets d’éolien en mer posé concerne aussi Eolfi. « GE nous a offert de faire les turbines mais dans un délai qui n’était pas le nôtre », indique Alain Delsupexhe, président d’Eolfi. Lesté d’une dette importante, le turbinier allemand Senvion, qui doit équiper les parcs d’Engie et Eolmed, vient de se placer sous la protection de la justice. « Il est trop tôt pour en préciser les conséquences », dit-on chez Engie. Eolmed, de son côté, reconnaît l’« accroc » mais affiche sa « confiance ».
Avant les décisions d’investissement, attendues à partir de cette fin d’année pour des mises en service prévues à compter du deuxième semestre 2021, les partenariats pourraient aussi évoluer. Eolmed mène « un tour de table » auprès de possibles partenaires bancaires, indique Laurent Tokarski, le chef de projet. Les quatre parcs pilotes représentent près de 880 millions d’euros d’investissements, « soutenus à hauteur d’environ 330 millions d’euros d’aide par le PIA [Programme investissements d'avenir, NDLR] », indique l’Etat.
Engranger des projets
Pour convaincre les financiers, tout l’enjeu pour les industriels est d’engranger des projets de parcs de grande taille. Le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), que les industriels trouvent trop timide, prévoit pour l’instant de lancer un appel d’offres pour un parc de 250 mégawatts à l’horizon 2021, avec un tarif autour de 120 euros/MWh. Un deuxième parc de même taille est programmé pour 2022 (avec un objectif de prix à 110 euros/MWh). Suivraient ensuite, en 2024, de « 250 à 500 MW, selon les prix », indique le projet de PPE.
LES ENERGIES VERTES DANS LE PIEGE BUDGETAIRE
« Il importe de tirer le retour d’expérience des quatre projets de fermes pilotes, sur lesquels aucune décision d’investissement n’a encore été prise, et de planifier des volumes limités de manière à poursuivre le dérisquage de cette technologie sans grever de manière durable les finances publiques », a justifié début avril le Premier ministre dans un courrier adressé à des députés. Echaudé par les faibles retombées industrielles du photovoltaïque, de l’éolien en mer ou de l’hydrolien, le gouvernement privilégie désormais le moindre coût.
Retombées pour les ports
Alors que le projet d’éolien en mer posé de Dunkerque pourrait afficher moins de 60/MWh , les projets d’éolien flottant bénéficient d’un prix d’achat garanti de l’électricité de 240 euros par mégawattheure (MWh). « On pense descendre à 60-80 euros par mégawattheure à l’horizon de 3 GW », promet le président d’Eolfi, Alain Delsupexhe.
Pour réduire les coûts, la filière mise sur un effet de taille des parcs et sur la baisse des prix des éoliennes, mais elle devra démontrer le potentiel de réduction des coûts sur les flotteurs. De Naval Energies à Bouygues ou SBM Offshore, les concepts sont aujourd’hui tous différents, et « l’enjeu sera d’industrialiser les flotteurs », reconnaît Alain Delsupexhe. De son côté, Eolmed a testé son concept dans le cadre de l’expérimentation Floatgen d’Ideol, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). « On a eu un premier hiver avec une mer très formée qui a permis de valider le fonctionnement de l’éolienne en conditions dégradées », assure Laurent Tokarski, le chef de projet d’Eolmed.
SOURCE / https://www.lesechos.fr
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